Philippe Kenel

retour à la liste des articles

27 septembre 2020: le blocherisme n’existe plus
 

A l’heure où j’écris ce blog, on apprend que 61,7 % des votants et 19,5 cantons ont rejeté l’initiative “pour une immigration modérée (initiative de limitation)”.

Pour la quatrième fois, le peuple suisse s’est prononcé clairement pour la libre circulation des personnes. Du jamais vu au sein de l’Union européenne!

Cela signifie-t-il pour autant la fin du blocherisme? Bien que les opposants à la signature d’un accord-cadre restent majoritaires, le blocherisme est mort aujourd’hui dans le sens où le peuple suisse a définitivement refusé de boire le cocktail explosif composé d’un amalgame entre la peur globale des ressortissants étrangers, la libre circulation des personnes et le rejet de l’Union européenne.

La balle est maintenant dans le camp du Conseil fédéral à qui il appartient de transformer l’essai aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’égard de l’Union européenne.

Sur le pan interne, il est primordial que les milieux syndicaux et économiques de même que le PS, les écologistes, le PLR et le PDC trouvent un terrain d’entente concernant l’accord-cadre. On sait trop comment en matière de politique européenne une alliance entre une partie de la droite et la gauche peut faire échouer de beaux projets.

A l’égard de l’Union européenne, il importe que nos conseillers fédéraux n’aient pas le bras qui tremble et qu’ils transmettent dès demain le message suivant à la Commission. Grâce ou à cause de son système politique basé sur la démocratie directe et sur des exécutifs composés, aussi bien au niveau fédéral que cantonal, de représentants de différents partis, notre pays a été parmi les premiers à devoir faire face à un certain nombre de thématiques et d’hommes politiques qualifiés de “populistes”, mais a également été parmi les premiers à les rejeter. Par son vote de ce jour, les Suisses, contrairement aux Britanniques, se sont clairement exprimés contre un Brexit à la sauce helvétique. La Suisse est un partenaire loyal qui respecte ses engagements internationaux qui ne doit pas être traitée comme la Grande Albion. Nous sommes un pays sur lequel l’Union européenne peut compter.

Mes deux plus grandes craintes sont qu’un consensus ne soit pas trouvé sur l’accord-cadre ce qui pourrait ressusciter le blocherisme à l’interne et que la Suisse n’ose pas se prévaloir de sa victoire à l’égard de l’Union européenne et qu’au lieu de transformer l’essai, elle marque un autogoal par manque de courage!

retour à la liste des articles