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Grèce : victoire de la force et de la démocratie directe ?

Mis en ligne le 06.07.2015 à 11:41

Philippe Kenel

Au-delà de la question de savoir quelle est la meilleure solution pour sauver la Grèce, l’attitude d’Aléxis Tsípras consistant à organiser un référendum et l’acceptation de ce dernier par plus de 60% de la population grecque suscite deux questions auxquelles les jours à venir devraient apporter des ébauches de réponse.

L’attitude du premier ministre grec qui parie sur le fait qu’aussi bien le FMI que l’Union européenne ne prendront pas le risque de laisser tomber la Grèce au risque de mettre en péril la zone-euro a franchi une étape supplémentaire sur l’échelle des rapports de force dans les relations diplomatiques entre Etats. Je dirai qu’il les a rendues brutales. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si la troïka aura le courage et/ou la témérité de renchérir ou si par sagesse et/ou prudence ils laisseront la Grèce gagner ce set, à défaut du match.

La seconde question consistera à déterminer quelle est l’importance donnée par l’Union européenne au fait que la position prônée par le gouvernement grec a été plébiscitée par plus de 60% de la population. Si la réponse devait être que ce facteur a joué un rôle déterminant, cela replacerait la démocratie directe au centre de la construction européenne et ne manquerait pas de donner des idées à d’autres Etats membres.

La réponse aux deux questions mentionnées ci-dessus ne manquera pas d’intérêt pour la Suisse. En effet, si notre pays devait observer que les rapports de force brutaux légitimés par une décision populaire sont une bonne tactique pour négocier avec l’Union européenne, le Conseil fédéral poussé par certain(s) parti(s) pourrait être tenté de durcir le ton avec Bruxelles concernant la mise en œuvre de l’initiative « contre l’immigration de masse ». Même si ce ne devait pas être la solution à adopter, elle mérite en tout cas d’y réfléchir. En effet, si la solution grecque est gagnante, pourquoi la décision du peuple grec du 5 juillet 2015 devrait être plus respectée que la décision du peuple suisse du 9 février 2014 ?

Affaire à suivre…


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