Kenel de Requin
Horlogers : innovez, diversifiez ou vendez !
Philippe Kenel
A titre de préambule, je tiens à préciser qu’en qualité de petit-fils d’horloger, j’aime les montres et tous les métiers qui contribuent à les fabriquer.
Ceci dit, malgré l’augmentation croissante des ventes de montres suisses, je crois qu’il est temps de tirer la sonnette d’alarme et de comprendre qu’il ne sera pas possible de continuer encore longtemps ainsi.
Trois constatations me font penser que nous sommes bientôt, voire déjà, au sommet et que la descente pourrait être plus rapide, voire plus brutale, que d’aucuns ne le pensent.
Tout d’abord, même si ce phénomène ne concerne pas uniquement l’industrie horlogère, il existe un rapport de plus en plus éloigné entre la montre elle-même et son prix. La part de coûts liés à la publicité et à la création de l’image prend une telle ampleur que l’acheteur est en droit de se demander si la montre qu’il porte au poignet vaut réellement son prix.
En second lieu, le poignet est une partie de notre corps qui va faire l’objet de plus en plus de convoitise. Je pense évidemment à toutes les fonctions liées à la haute technologie dont le support pourrait être notre cher avant-bras. Or, ce ne sont pas les entreprises horlogères helvétiques qui réaliseront ces nouveaux produits, mais bien les sociétés, tel Apple, déjà actives dans ce domaine. Comme cela arrive déjà parfois, elles n’hésiteront pas à débaucher le personnel nécessaire chez les horlogers de notre pays.
Enfin, l’industrie horlogère semble avoir admis comme précepte qu’une personne n’achète plus une montre pour avoir l’heure, vu que cette information figure sur tous les téléphones portables notamment, mais comme un bijou ou la marque d’une certaine réussite sociale. Cette troisième remarque est peut-être la plus grave. Dès le moment où il existe une déconnexion totale entre un produit et sa fonction, les jours de ce produit commencent à être comptés.
Face à ces différentes évolutions, j’entends peu, voire pas, d’horlogers s’inquiéter. Au contraire, les entreprises horlogères s’organisent de plus en plus verticalement et se concentrent exclusivement sur leurs produits horlogers. Rares sont les marques qui essaient de se diversifier.
Face à cette réalité, le monde horloger doit soit innover, soit se diversifier, soit vendre tant qu’il est encore temps…
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