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Cinq ans et plus une dent !

Mis en ligne le 13.03.2014 à 16:53

Philippe Kenel

Vendredi 13 mars 2009 : le Conseil fédéral accepte que la Suisse passe à l’échange d’informations à la demande.

Cinq ans déjà, ou plutôt cinq ans seulement, au cours desquels un si long chemin a déjà été parcouru.

Après l’écoulement de ces quelques années, il est loisible de se demander quelle place l’Histoire réservera à cette date et à ses conséquences pour notre pays.

Tout d’abord, j’ai toujours considéré que le passage à l’échange d’informations à la demande n’était pas, en tant que tel, une remise en cause de la politique helvétique basée sur la protection de la sphère privée. En effet, vu qu’il est nécessaire que l’Etat requérant ait des indices de nature à susciter une demande d’informations, la situation du client prudent n’a pas été altérée par le passage à l’échange d’informations à la demande. En revanche, si l’on apprécie la portée de la décision du vendredi 13 mars 2009 à l’aune des événements qui se sont produits ces cinq dernières années, on retiendra cette date comme étant le jour à partir duquel la Suisse a accepté de se soumettre sans coup férir aux désidératas de l’OCDE de peur de se retrouver sur des listes grises ou noires.

En second lieu, ces cinq dernières années ont démontré à quel point il est dangereux pour la Suisse de laisser les rênes de la politique financière helvétique dans les mains des seules associations bancaires. Autant il est impératif d’écouter attentivement leur position, autant il est important que les partis politiques, le parlement et le gouvernement gardent une marge de manœuvre et d’appréciation pour élaborer la politique de notre pays. En effet, la vision des milieux bancaires repose trop souvent sur la prémisse qu’une année de gagnée est une année de bénéfice sauvée pour les banques. En d’autres termes, elles font preuve d’un manque cruel d’anticipation. Les partis du centre ont été les grands perdants en se calquant sur la position du monde officiel bancaire et en changeant de position comme des girouettes. En revanche, les socialistes, Christian Levrat et Roger Nordmann en tête, ont été beaucoup plus clairvoyants. En matière de secret bancaire, Christian Levrat, notre Lucky Luke national, a visé juste et les membres des autres partis n’ont souvent joué que le rôle de Rantanplan.

Enfin, l’histoire retiendra à quel point le gouvernement suisse et les milieux bancaires se sont fourvoyés en s’entêtant depuis 2009 dans la stratégie Rubik. Non seulement, ils ne se sont pas rendus compte que les temps changeaient et que Rubik n’avait pas sa place sous l’ère de la transparence, mais, en agissant de la sorte, ils ont raté l’occasion historique de négocier entre 2009 et 2011 avec l’Union européenne le passage à l’échange automatique en contrepartie de la libre circulation des services financiers. Le plus pathétique est de constater que d’aucuns essaient encore de négocier ce système avec certains Etats pour régulariser le passé. On peut franchement considérer que, là, ils franchissent le Rubicon !

En conclusion, si la date du vendredi 13 mars 2009 est le point de départ d’une politique de soumission aux décisions de l’OCDE, la vraie erreur a été l’entêtement dans la stratégie Rubik  qui a empêché la Suisse de négocier l’abandon du secret bancaire et qui fait qu’elle se retrouve, cinq ans après, totalement édentée !


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