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Son succès, pire ennemi de la Suisse

Mis en ligne le 05.11.2013 à 15:31

Philippe Kenel

Durant ces dernières décennies, la Suisse a forgé son succès économique grâce à un certain nombre de qualités dont les conditions-cadres favorables qu’elle offrait ou qu’elle offre, encore pour certaines, aux entreprises, et, pour d’autres, aux personnes fortunées étrangères.

Sous la pression internationale et d’une certaine partie de la classe politique, certaines de ces conditions-cadres ont été ou sont remises en cause. Je pense notamment à l’initiative 1 :12, à  l’initiative tendant à la suppression de l’imposition d’après la dépense, aux initiatives ayant pour objet la remise en cause de la libre circulation des personnes et à la fiscalité des entreprises.

Le drame helvétique est que les attaques contre ses conditions-cadres ne viennent pas seulement de l’étranger, mais également d’une certaine partie de la classe politique qui, en a fait, par populisme de gauche ou de droite, son fond de commerce.

Si la Suisse allait mal, le peuple helvétique prendrait plus facilement conscience de l’importance de ses conditions-cadres pour notre pays. Le problème est que les conditions-cadres helvétiques se dégradent sans que cela se traduise, pour l’instant, par une détérioration de la situation économique. Cela permet aux citoyens de croire que les Suisses sont plus forts et plus intelligents que les autres et que le succès de notre pays est dû exclusivement à ses qualités et que cette success story continuera même sans condition-cadre favorable. Or, si aujourd’hui les attaques contre le modèle suisse ne se traduisent pas encore par une détérioration de la situation économique, cela s’explique en très grande partie par le fait que la situation est tellement catastrophique à l’étranger que les entreprises et les personnes physiques étrangères fortunées continuent à venir en Suisse. Or, ceci est un leurre de courte durée. En effet, la réalité explosera aux yeux de nos concitoyens qui se seront laissé berner par de beaux discours populistes le jour où la situation économique s’améliorera à l’étranger. Ce jour-là, on constatera que les entreprises et les personnes étrangères fortunées ne viennent plus en Suisse, car les conditions-cadres offertes par notre pays ne seront plus du tout attrayantes. Or, à ce moment-là, il sera trop tard pour réagir. Le mal sera fait.

Pour éviter que ce scénario se réalise, il est impératif que la Suisse cède ce qu’elle doit céder, mais sans plus, sur le plan international, et surtout ne remette pas en cause ses conditions-cadres attractives en acceptant des initiatives populistes. Par conséquent, j’en appelle aux citoyens à refuser toutes les initiatives mentionnées ci-dessus au sujet desquelles nous devrons voter dès le 24 novembre prochain. Si ces initiatives devaient être acceptées, le citoyen suisse pourra peut-être vivre encore quelques années dans un paradis artificiel, mais en réalité déjà mort. La Suisse sera un peu comme une étoile éteinte depuis longtemps, mais qui brille encore vu son éloignement par rapport aux habitants de la terre.


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