Philippe Kenel

L’initiative de l’UDC est un frein à l’intégration

 

Les raisons de voter non le 28 février à l’initiative de l’UDC sont multiples. L’une d’entre elles a trait à l’importante question de l’intégration.

 

L’actualité ne cesse de démontrer à quel point il est primordial que les ressortissants étrangers soient intégrés. L’intégration requiert un effort de la part de la personne étrangère. C’est notamment pour cette raison que, outre la question de la laïcité, je suis opposé au port du voile à l’école. Cependant, le pays d’accueil doit également offrir un certain nombre de conditions-cadre permettant à l’intéressé de s’intégrer. L’une d’entre elles est que ce dernier puisse y envisager un avenir à long terme pour lui et sa famille et qu’il n’ait pas l’impression qu’à tout moment il peut lui être demandé de repartir. La politique migratoire helvétique repose d’ailleurs sur ce principe puisqu’après une période probatoire durant laquelle un ressortissant étranger a un permis B qui peut ne pas être renouvelé, il obtient un permis C qui ne peut lui être retiré que dans des cas très spécifiques.

 

Or, l’initiative de l’UDC bat en brèche ce système puisque son acceptation engendrerait l’expulsion automatique de ressortissants étrangers pour des délits mineurs en cas de récidive. En donnant un statut éternellement précaire aux ressortissants étrangers, l’initiative de l’UDC supprime l’une des pierres angulaires de l’intégration.

 

En sachant les conséquences que l’acceptation de cette initiative aurait sur les négociations entre la Suisse et l’UE, il est impératif que les milieux économiques s’engagent en faveur de son rejet. Il est temps que ces milieux comprennent que tous les problèmes sont imbriqués et qu’il n’est plus possible de se mobiliser uniquement sur les votations ayant un objet purement économique.