Philippe Kenel

RIE III ou le populisme de gauche


Les experts autoproclamés en matière de populisme, du genre François Cherix, se gaussent du populisme de droite mais omettent, comme par hasard, de parler du populisme de gauche. Les adeptes de cette manière de faire de la politique qui s’étaient déjà illustrés lors de l’initiative tendant à supprimer notamment l’imposition d’après la dépense en remettent une couche à l’occasion du référendum sur le RIE III.

Sur le fond, ils essaient de faire croire que les perdants du RIE III seraient la classe moyenne. Or, étant admis que la Suisse est dans l’obligation de supprimer les statuts spéciaux, le rejet du RIE III aurait comme conséquence immédiate le départ d’un certain nombre de grandes entreprises étrangères, sans parler, évidemment, de celles qui ne viendront plus. Ces départs engendreraient non seulement une augmentation du chômage, mais également une importante perte fiscale dans la mesure où l’Etat n’encaisserait plus le montant important d’impôts payés par les employés de ces entreprises. Il sied de souligner que contrairement à plusieurs de nos voisins, la Suisse n’accorde aucun statut fiscal particulier aux employés étrangers des grandes entreprises. Or, qui d’autres que la classe moyenne serait visée par le chômage et devrait compenser les pertes fiscales ?

Sur la forme, les référendaires poussent encore un plus loin le bouchon du populisme. En effet, plutôt que de s’impliquer eux-mêmes au risque de se décrédibiliser, les dirigeants des partis soutenant le référendum ont choisi une nouvelle stratégie consistant à envoyer au charbon des représentants de la classe moyenne pour tenter de convaincre leurs paires de voter contre leurs intérêts.

Cette manière de procéder est indigne de la part de personnes qui se drapent d’une certaine moralité politique.