Philippe Kenel
Elie Barnavi : quelques considérations générales
Outre ses réflexions sur la politique, l’Europe, Israël et la lutte contre l’antisémitisme, Elie Barnavi nous fait part dans ses mémoires, « Confessions d’un bon à rien » (Grasset), d’un certain nombre de considérations générales qu’il me paraît important de mettre en exergue.
« Publish or perish, publier ou périr, telle est la dure loi universitaire. » (p.175)
« En définitive, on n’informe que les informés. » (p.191)
« Dans la vie comme en politique, il est parfois utile de suivre l’avis du cardinal de Retz, un connaisseur : « On ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment. » (p.221)
« Les crétins, c’est bien connu, osent tout. » (p.355)
« La presse. Au moment où j’allais quitter Paris, une journaliste a écrit dans Haaretz que j’aurais vécu une « histoire d’amour avec la presse française ». Malgré ce que cette assertion peut avoir d’hyperbolique, il est vrai que j’ai entretenu avec les médias des relations intenses et, somme toute, amènes. Je ne manquais pas d’amis parmi l’élite de la profession. Et j’étais, comme on dit dans le jargon journalistique, un « bon client », accessible, disert et rétif à la langue de bois. Je m’étais fixé une ligne de conduite simple, et d’autant plus (relativement) efficace qu’elle correspondait à ce que je croyais : qu’il fallait traiter ses interlocuteurs avec respect ; qu’il était contre-productif de mentir ; qu’il n’était pas honteux de faire étalage de ses doutes, et, parfois, de son ignorance ; qu’il ne fallait surtout pas confondre fermeté et agressivité ; et que, chaque fois que possible, le dialogue et la persuasion valaient mieux que le coup de poing. Je ne crains pas la polémique, il m’arrive même d’y prendre du plaisir ; mais c’est une arme à manier avec précaution. » (p.369-370)
« Comme on sait, la presse rend fous les gens les plus raisonnables. » (p.450)