Philippe Kenel
Il faut sauver le soldat suisse ATS
A l’heure où tous les regards se tournent sur l’Initiative No Billag, les dirigeants de l’Agence Télégraphique Suisse (ATS) qui ont brillé par leur incapacité à anticiper le changement pendant de nombreuses années en profitent pour dépecer notre agence de presse nationale en licenciant à tour de bras et pour transférer le centre décisionnel en Autriche. Leur objectif est clair : tout faire avant le 4 mars 2018.
Cette manière de faire est tout simplement scandaleuse et la passivité des partis de droite l’est tout autant.
S’il est bien un pays où il est impératif d’avoir une agence de presse nationale, c’est bien la Suisse. En effet, dans un Etat composé de vingt-six cantons et où coexistent quatre langues nationales, seule une agence de presse nationale garantit la circulation de l’information sur tout le territoire et dans toutes les communautés. Par ailleurs, l’ATS est pour notre pays la garantie d’une certaine neutralité de l’information ce qui est impératif pour un Etat dont l’ADN est la démocratie directe.
De plus, il est fondamental que l’actionnaire de référence, par conséquent le centre décisionnel, reste en Suisse et ne soit pas transféré en Autriche. En effet, comme nous avons eu l’occasion malheureusement de le voir avec l’Hebdo, une fois que les décisions se prennent à l’étranger, les paramètres purement économiques et de rentabilité l’emportent sur les critères culturels et politiques helvétiques.
Pratiquement, je propose que la Confédération qui est un des abonnés importants de l’ATS exige d’ici la fin de la semaine de la part de ses dirigeants qu’ils suspendent les licenciements et la restructuration en cours et que la question du financement et de la structure de l’ATS soit abordée dès le 5 mars en espérant que l’Initiative No Billag ait été rejetée.